Un Tosca captivant et de très grande qualité
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Josianne Desloges, Le Soleil
L'Opéra de Québec ouvre sa saison avec deux courts opéras de Puccini, Suor Angelica et Gianni Schicchi, l'un lyrique et l'autre comique. On y suivra les tourments d'une princesse déshonorée, recluse dans un couvent, et les fourberies d'un paysan qui accepte de se substituer à un mourant pour tenter de changer son testament.
Les interprètes des deux rôles-titres, Gianna Corbisiero et Gregory Dahl, nous donnent un avant-goût de ce doublé Puccini, qui nécessitera 27 solistes.
Gianna Corbisiero: mystère cinématographique
Il y a quelques années, la soprano Gianna Corbisiero a joué le rôle de la diva Florence da Costa dans le film Elephant Song de Charles Binamé. « Il a pris une pièce de théâtre et l'a interprétée dans son film, en jouant avec les images, sans dire les choses. Je retrouve un peu de ça dans cette mise en scène de Suor Angelica », indique-t-elle.
Cloîtrée loin des regards dans un couvent depuis qu'elle a mis au monde un enfant illégitime, la jeune femme interprétée par Gianna Corbisiero se désole et souffre. « Elle veut savoir ce qui est arrivé à l'enfant, mais personne de sa famille ne lui parle depuis sept ans », raconte la soprano. Même si sa tante, la princesse, qui sera interprétée par Sonia Racine, vient lui annoncer le décès de l'enfant, la mise en scène devrait contribuer à semer le doute dans l'esprit des spectateurs. Surtout que la tante souhaite que Suor Angelica transfère sa fortune à une de ses soeurs, prête à se marier... « Puisque ce n'est pas écrit, on peut interpréter. Mais on veut garder ça ambigu, c'est le public qui va décider d'y croire ou non. »
La belle ténébreuse sera entourée d'un choeur de femmes et de plusieurs religieuses, alors que la musique de Puccini est enveloppée d'une ambiance feutrée et d'un parfum de prière.
« C'est un des plus beaux airs jamais écrits par Puccini. Ça ressemble un peu à Madama Butterfly, les harmonies sont très riches. Vocalement, il y a beaucoup de drame et de lyrisme, décrit Mme Corbisiero. Même si c'est juste une heure, c'est compact. C'est une épreuve d'athlétisme vocal et dramatique. » Plus l'heure avance et plus le drame devient houleux, alors qu'il est question de mort, de poison et d'apparition divine.
La soprano compare l'épopée, où elle n'a qu'une seule occasion de prendre une gorgée d'eau, au deuxième acte de Tosca, qu'elle a interprété en 2015 à l'Opéra de Québec. « Je ne dois pas être trop dramatique trop vite, il faut laisser le temps aux émotions d'émerger, sans les jouer. Il faut que ça m'habite pour aller chercher un effet moins mélodramatique et plus cinématographique », indique-t-elle.